HISTOIRE
Le blason de Marseille
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Notre drachme de Marseille
Notre monnaie fétiche est un tétrobole de notre bonne ville de Massalia (1 tétrobole = 4 oboles), plus couramment désignée sous le vocable de "drachme légère", pour la distinguer de la drachme dite "lourde" qui équivaut à 6 oboles.
C’est une monnaie d’argent dont le poids est d’environ 2,6 g pour un diamètre de l’ordre de 15 mm.
Sa description est la suivante :
- Avers : Buste d’Artémis drapé à droite, avec diadème, boucle d’oreille et collier. Un arc et un carquois apparaissent derrière son épaule.
- Revers : Lion à l’échine courbée passant à droite.
Légende "MASSALIETON" disposée sur deux lignes au-dessus et au-dessous du lion. Monogramme TB devant le lion.
Symbolique
La déesse Artémis est la "bonne mère" des massaliotes.
Le récit légendaire de la fondation de Marseille par les Phocéens, nous apprend que les marins grecs qui débarquent sur les rives du Lacydon (le Vieux Port d’aujourd’hui) en 599 avant notre ère, sont accompagnés de la prêtresse Aristarché et d’une statue d’Artémis. Cette présence fait suite à un oracle, révélé dans le grand temple d’Artémis à Ephèse, qui a commandé à la prêtresse de se joindre à l’expédition.
Dès son origine Massalia est donc placée sous la protection d’Artémis ; un temple sera d’ailleurs érigé dans la ville, sur la butte des Moulins, l’une des trois collines inscrites à l’intérieur des remparts de Massalia.
A noter qu’Artémis et la Diane "chasseresse" des romains sont une seule et même divinité (d’où la présence de l’arc et du carquois sur l’épaule de la déesse).
Le lion qui figure au revers du tétrobole est l’emblème d’Artémis. C’est également un symbole de force qui caractérise la puissance de Massalia.
La légende grecque "MASSALIETON" signifie massaliote (ou massaliète) et permet une identification sans équivoque de la monnaie.
Le monogramme qui figure à l’avant du lion correspond certainement au monétaire chargé de la frappe de cette série de monnaies.
Historique
Le tétrobole de Massalia a été frappé à partir du 3ème siècle avant JC. Sa frappe s’est poursuivie jusqu’en 49 avant JC, date de la prise de la ville par les légions de Jules César.
Notre exemplaire fait partie des séries du 2ème type (ces tétroboles sont classés en 3 types, chaque type regroupant plusieurs séries).
Sa datation précise est incertaine et diffère suivant les auteurs qui ont étudié le monnayage de Massalia (en particulier les numismates contemporains Claude BRENOT et Georges DEPEYROT ne s'accordent pas sur ce point et proposent des chronologies discordantes, y compris pour les monnaies de bronze).
De notre côté, nous situons notre exemplaire dans un intervalle de temps allant de 250 à 150 avant JC, avec une préférence pour la fin du 3ème siècle (avis de René PIERINI que nous considérons comme autorisé).
Par ailleurs, nous retiendrons que le tétrobole de Massalia est une monnaie qui a circulé pendant très longtemps (au moins deux siècles) et dont la frappe a été abondante.
Elle a été largement utilisée pour régler les échanges commerciaux dans la zone d’influence de Massalia, c’est à dire dans le Sud de la France et le long de la côte méditerranéenne entre la Catalogne (Emporion et Rhoda) et la Ligurie (au-delà de Nikaia). L’une des preuves de la bonne réputation de cette monnaie réside dans les nombreuses imitations barbares qui en existent.
Enfin, la ressemblance du tétrobole de Massalia avec le monnayage des villes de la Grande Grèce dont, en particulier, celui de la colonie grecque de Vélia (Italie du Sud) ne manque pas d’évoquer les liens étroits, tant commerciaux que culturels qui devaient unir, à cette époque, la communauté des villes grecques de la Méditerranée occidentale.
Epilogue
Cette dernière réflexion m’amène à relever l’extraordinaire lapsus commis par la plupart des auteurs d’ouvrages numismatiques, qui a classé les monnaies de Massalia parmi les monnaies gauloises.
Malgré le respect que je leur dois, j’ose exprimer ma désapprobation de numismate et de marseillais :
- en tant que numismate, je considère que les énormes différences concernant le style des monnaies, leur symbolique ou les métaux utilisés, sont suffisamment évidentes pour rattacher les monnaies de Massalia au monde grec et non à celui des gaulois ;
- en tant que marseillais, je revendique notre droit à la différence ; Marseille n’ayant jamais été culturellement assimilée ni à la Gaule celtique, ni à la Gaule romaine.
En conclusion, et pour susciter éventuellement un autre débat, je rappellerai que Marseille ne fut rattachée au royaume de France que sous Louis XI (le roi René d’Anjou lui ayant légué par héritage la Provence et Marseille), sous condition que notre ville garde son statut particulier ; statut particulier qu’elle conserva jusqu’au coup de force de Louis XIV.
Notre histoire explique certainement notre tendance naturelle au refus d’abandonner nos valeurs pour celles du centralisme jacobin, certes unificateur, mais terriblement générateur d'amnésie collective.
Christian ORDIONI